Affiches, publicités, cinéma, photographie de mode... On le connaît sous toutes ses formes, de ses voûtes métalliques on y contemple une des plus belles vues sur la dame de fer, mais connaît-on vraiment le pont de Bir-Hakeim ? Il enjambe la Seine du 15ème au 16ème arrondissement de Paris. Rencontre avec un chef d'oeuvre des années 1900 aux volutes urbaines. 
Lorsque l'on se promène sur le pont de Bir-Hakeim aujourd'hui, sur tous ses bords, on y pratique le "selfie" et l'instantané qui finira sur les réseaux sociaux à qui trouvera le meilleur angle sous les colonnades de métal. Celles-là même que Leonardo Dicaprio s'amusait à dupliquer dans "Inception". "Zazie dans le métro", "Peur sur la ville", "Dernier tango à Paris", "Un indien dans la ville"... Marlon Brando les mains dans les poches sous les arcades ou encore Jean-Paul Belmondo sur le toit du métro de la ligne 6, voilà d'où le pont tient toute sa renommée : de part les célébrités qui ont foulé sa passerelle. Légendes des derniers siècles mises à part, le pont est avant tout un chef d'oeuvre architectural art nouveau, dont nombreuses autres applications sont à découvrir dans les rues de Lutèce.
Il fait un grand écart sur la Seine ; tout en légèreté le pont aux colonnes galbées relie le quartier prestigieux de Passy au quai Branly du quartier de Grenelle. Deux rives, deux mondes, une même histoire. Le trait d'union unissant les berges n'a pas toujours été appelé ainsi. De sa première version de 1878, elle est la "Passerelle de Passy" avant d'être renommée "Bir Hakeim" le 18 Juin 1949, en souvenir de la victoire des troupes françaises en Lybie, en 1942. Depuis lors, le pont est le symbole d'une France libre. Mais avant tout cela, c'est aux besoins de l'exposition universelle que la première passerelle piétonne fin XIXème répond. Avec l'avènement d'une modernité certaine, et les grandes percées dans la capitale, le passage du métro sur cette passerelle nécessite une réhabilitation du pont. En 1902, un concours est lancé, trois ans plus tard, la construction suit, sous les directives de Louis Biette. L’alignement au boulevard de grenelle et la nécessité de la ligne de métro décidera d’un ajout aérien à la structure qui est alors retracé en diagonale par rapport à la Seine.

En ce début de siècle de modernité, la structure est définie par un ouvrage de 237 mètres de long, à deux étages et en deux parties se rejoignant sur l'île aux cygnes. La simple passerelle piétonne devient monument de curiosité par ses multiples fonctions accueillant un promenoir central, encadré par une chaussée routière et surmontée par la ligne aérienne, chose peu courante à l’époque. Mais l’ensemble est également remarquable pour son architecture : ses colonnes de fonte galbées s’inspirent de l’esprit art nouveau et de la modernité ambiante d’une France des arts. Pour illuminer le tout, les luminaires s’ornent de gouttes de verre serties de métal dont les formes s’apparente tout particulièrement au style art déco.

Quatre grands noms de la sculpture s’associent au façonnage du monument : Gustave Michel, Jules Coutan, Jean-Antoine Injalbert, Holger Wederkinch. Ses sculptures, représentent respectivement les Nautes, les Forgerons, la Science, le Travail, l’Electricité, le Commerce et la France renaissante. Une iconographie qui reflète bien l’esprit de l’époque, s’opposant à l’ornementation du très classique pont Alexandre III. Parmi l’ensemble, les statues les plus impressionnantes semblent être les fontes de Gustave Michel (1851-1924), se cachant à la naissance des arcs et dont les Nautes nouent le blason de la ville de Paris et les Forgerons rivent un blason de la République francaise.



Se promener entre les colonnades du pont Bir-Hakeim revient à réunir tout l’esprit de la capitale en quelques mètres seulement : avec une vue prenante sur la Tour Eiffel, l’histoire du cinéma s’unit à celle de l’architecture sous l’égide d’un esprit moderne unique. Un pont qui reflète bien toute la richesse visuelle de la capitale, et pour plus de dépaysement encore, un escalier en son milieu permet de passer sur l’ile aux cygnes puis au pont de Grenelle abritant une réplique de la statue de la liberté…

Crédits photographiques :
Vue de la Tour Eiffel et du pont de Bir-Hakeim © G.Laumont 
Détails lanternes du Pont de Bir-Hakeim © Pascal Gonzalez
Les Nautes et les armes de Paris Gustave Michel © Ordifana75
Vue de la partie ouest du Pont Bir-Hakeim © DAR

Informations pratiques :
Quai de Grenelle - 75015 Paris 
Rive droite
Métro : Passy ou Bir-Hakeim (ligne 6)
Rive gauche
RER C : Champ de Mars – Tour Eiffel