Au coeur de l’île de la Cité, à deux pas de Notre Dame de Paris et entre le palais de Justice et la Conciergerie se cache une chapelle petite par sa taille, mais si grande de majestuosité. Balade culturelle au coeur du quartier latin, parmi les rues les plus anciennes de la capitale.

Si la grande majorité des touristes se rue sur le parvis de Notre Dame de Paris, peu connaissent l’impasse cachée pour se rendre devant la Sainte Chapelle. Nichée entre le Palais de justice et la Conciergerie, visiter ce lieu saint est à l’image d’une rencontre céleste avec un joyau gothique.

Le premier coup d’oeil jeté sur la Sainte Chapelle provoque un sentiment de profonde admiration devant la magnificence du monument. Son édification est due à Louis IX, plus connu sous le nom Saint Louis, 44ème roi de France, dont il tiendra les rennes pendant plus de 43 ans. Canonisé par l’Eglise en 1297, Saint Louis est fasciné par la réunification des saintes reliques. En 1239, il rachète la couronne d’épines aux vénitiens, puis en 1241, des fragments de la sainte croix et des instruments du supplice. Après une longue procession à travers les royaumes, Saint Louis dépose les reliques dans l’oratoire de la vierge de la chapelle du Palais Royal alors construit en 922. Mais les reliques méritent un monument en leur honneur dont il pose la première pierre en 1245.

La Sainte Chapelle est donc avant tout une gigantesque châsse édifiée à la gloire des reliques du supplice du Christ. Elle se compose de deux chapelles : la chapelle basse, destinée aux serviteurs du Roi, et la chapelle au-dessus alors uniquement réservée à la famille royale.


Avant de rentrer dans l’édifice, on remarque sur son flanc, un sol jonché de pierres, chapiteaux, fragments de sculptures, statues mutilées, et on comprend qu’elle aussi, a subi le joug de la révolution française et sa quête destructrice de damnatio memoriae. Sur sa façade sud, deux portails se superposent donc, comme les balcons d’un immeuble version médiéval. Au rez-de-chaussée, la première chapelle, plongée dans une légère pénombre arbore sur ses murs les symboles unis : la fleur de lys et le château de Blanche de Castille, la mère de Louis IX. Sur la gauche du choeur de la chapelle, rencontre avec la plus ancienne fresque murale jamais retrouvée à Paris, représentant l’annonciation.

A côté du portail, un escalier en hélice se dérobe, menant vers la chapelle haute. A la dernière marche, au premier pas sur son le sol, c’est une rencontre que n’importe quels yeux - quelle que soit leur confession - n’oublieront jamais. Nulle nef n’est plus vénérable par sa majestuosité ; sur plus de 30 mètres de long, 15 verrières de 15 mètres de hauteur dévoilent les vitraux décrivant les 1113 scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, de l’histoire du monde à l’arrivée des saintes reliques à Paris. Au centre du choeur, un autel dresse un petit monument à l’intérieur même de l’édifice où repose silencieusement la châsse dorée des reliques.



Longer les murs de la Sainte Chapelle revient à découvrir à nouveau l’histoire du catholicisme, dans toute sa splendeur. La lumière traversant ces vitraux, associée à la couleur flamboyante de ses verres porteraient presqu’en elle un caractère naturellement sacré. L’incroyable finesse de ses colonnes laisse sans voix, filant par plus de 20 mètres de hauteur au dessus de nos têtes pour rejoindre de gracieuses croisées d’ogives. Chaque coup d’oeil jeté sur les lignes de la chapelle mène vers l’exaltation de la découverte d’un nouveau détail. La profonde piété de ce roi sanctifié pourrait se résumer au plafond voûté et recouvert d’étoiles brillantes sur fond bleu roi, une façon de retrouver la Jérusalem céleste. Au dessus de son portail, qui constituait avant l’entrée principale de la chapelle, une rosace majestueuse règne silencieusement, représentant l’apocalypse. Au dessous de 20 mètres de lumière, l’homme est si petit.

“ Tu as entrepris de construire sur tes fonds personnels une œuvre dépassant la matière”  Lettre du pape Innocent VIII à Saint Louis

La qualité extraordinaire avec laquelle a été édifiée ce monument est d’autant plus impressionnante qu’elle le fut en à peine sept ans. Et il aura fallut pas moins de sept siècles pour lui rendre sa lumière ! Quelques siècles après la disparition de son protecteur,  au cours de sa huitième croisade à Tunis en 1267, la Sainte Chapelle de Louis IX subit plusieurs incendies (en 1630 et en 1777) et une inondation. Mais les plus vifs dégâts dont elle sera victime seront ceux infligés au monument au cours de la révolution, dont les symboles de royauté ne peuvent persister en ces temps. Sous l’Empire, la chapelle haute perd sa fonction religieuse pour devenir un dépôt d’archives. Chacun de ces mouvements endommageront fortement les verrières du monument. Au XIXème siècle, une campagne de diverses restaurations est lancée replaçant notamment une flèche au sommet de son clocher.

Entre 2008 et 2015, il aura fallu autant de temps que sa construction au XIIIème siècle pour restaurer sept de ses verrières du flanc nord, l’archange et la grande rose occidentale. Avec cette campagne minutieuse, le Centre des Monuments Nationaux (CMN) a permis à la Chapelle d’être replongée au coeur de son essence divine. Une rencontre inédite à ne pas oublier parmi les splendeurs patrimoniales de Paris, reflet de la puissance politique et religieuse de son royaume.  

Informations pratiques :
Sainte Chapelle
Ouvert tous les jours  9h30-18h , nocturne tous les mercredis jusqu'à 21h30
6 boulevard du Palais - 75001 Paris
M° Châtelet (ligne 1, 4, 11 et 14) RER Châtelet - Les Halles ( RER A et B) Saint Michel - Notre-Dame (RER C)