Deux âmes blessées, deux corps solitaires, se jaugent, se cherchent, se percutent par un hasardeux concours de circonstances. Empruntant les codes de la comédie romantique, Mark St Germain signe une pièce beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît sur les rapports humains que la mise en scène et l’interprétation d’Andréa Bescond et Eric Métayer soulignent avec finesse et intelligence. Magique !

Dans un appartement parisien des plus communs à la déco des plus banales, une jeune femme, prénommée Senga (lumineuse Andréa Bescond), écoute de la musique pop très fort. Le temps d’une chanson, se noyant dans l’alcool et les antidouleurs, elle oublie ses problèmes, son incapacité physique à pouvoir re-danser, ce qui est, depuis son enfance, sa seule et unique raison de vivre. C’est le moment précis où l’un de ses voisins, l’étrange Adémar (épatant Eric Métayer), un brillant scientifique attend du syndrome Apserger, sonne à sa porte. Non parce qu’il est importuné par le bruit, mais parce qu’il a besoin de son aide. Pour une soirée de gala organisée en son honneur, il doit absolument savoir effectuer quelques pas de deux.

Alors que rien ne laissait présager que ces deux êtres abîmés, ces deux handicapés des sentiments finiraient par se rencontrer, une proposition qui pourrait, aux premiers abords, paraître indécente, va chambouler à jamais leur existence, leur destinée et attiser le feu d’une romance d’aujourd’hui. Elle, l’impétueuse et agressive danseuse, qui cache son mal-être et ses fêlures d’enfance, derrière, une ronchonne exubérance, va s’adoucir au contact répété avec cet homme mal à l’aise en société dont le moindre contact physique avec autrui le rend malade. Laissant leur cœur s’éveiller à l’autre, ces deux âmes solitaires vont peu à peu apprendre à vivre, à aimer, à accepter leurs différences et enfin se libérer de leurs intimes blessures psychologiques. 
Si la pièce a tout d’une comédie romantique basique, Mark St Germain a su lui donner profondeur en s’intéressant à des personnalités atypiques incapables de tisser des rapports humains et confites de carence affective. Jouant des codes, usant des ficelles avec beaucoup d’habilité du théâtre de boulevard, il signe un texte sensible et touchant, qui aborde intelligemment la différence et l’autisme. La belle adaptation de Gérald Sibleyras, ainsi que la mise en scène délicate et rythmée d’Andréa Bescond et d’Eric Métayer, en soulignent d’ailleurs toute la tendresse faite d’humour bravache et de situation décalée. 

Conquis par cette histoire qui confronte banalité du quotidien et individualités singulières, on se laisse totalement bluffer par l’interprétation d’Eric Métayer, totalement habité par son rôle d’autiste atteint du syndrome d’Asperger, et la présence lumineuse d’Andréa Bescond, qui se glisse avec aisance dans la peau de cette danseuse finie qui refuse de voir la réalité. Tous deux, complices à la ville, comme à la scène, s’accordent à merveille dans ce pas de deux romantique, dans cette ode à la différence fort charmante. 

Alors n’hésitez pas un instant, entrez dans la danse et laissez vous enchanter par ce doux ballet des corps et des âmes, véritable moment de tendresse dans ce monde brut. 
Informations pratiques : 
La Leçon de danse de Mark St Germain
jusqu’au 31 décembre 2017
du jeudi au samedi à 19h, le samedi à 17h et le dimanche à 16h
durée 1H20

Générique : 
Adaptation française de Gérald Sibleyras
avec et mis en scène par Andréa Bescond et Eric Metayer
décor d'Olivier Hébert
lumières de Jean-Yves Desaint-Fuscien
conception sonore de Vincent Lustaud
costumes de Carole Beaupoil

Lieu :
Théâtre de l’Œuvre
55, Rue de Clichy
75009 Paris

Réserver : 
Par internet sur le site dédié 
Par téléphone au 01 44 53 88 88

Comment y aller ? 
En métro Ligne 2 station Place de Clichy et ligne 13 station Liège
 En bus lignes 30, 68, 74, 81 & 95
En voiture : parking au 11 rue Forest (sous Castorama)
en vélib' station 1 rue de Parme
en autolib' station 2 Rue Paul Escudier et station 24 Rue de Liège

Crédit photos : © Emilie Deville